S’entraîner sans vélo l’hiver, c’est possible ?
Un article qui parle de remiser totalement le vélo pour l’hiver sur un blog dédié au cyclisme, ça peut prêter à confusion. Et pourtant… J’essaie toujours de coller à l’actualité avec mes articles, et avec la neige annoncée en montagne pour la semaine qui vient, ça va se compliquer pour rouler.
Pourquoi laisser le vélo de côté ?
Comme je viens de le dire, quand on habite en montagne la météo impose parfois des concessions. Pas toujours facile de rouler lorsqu’il neige pendant de longues périodes ou qu’il fait tout simplement trop froid pour réussir à rouler en gardant un minimum de plaisir. Le home trainer peut être un allier de choix, mais certains y sont tout simplement allergiques. Dans ce cas, pas d’autre choix que de trouver des alternatives.
Une autre raison commune, c’est le manque de motivation. Un cycliste peut avoir eu un calendrier chargé en compétitions, ou un kilométrage important, et ne pas avoir encore retrouvé le goût de rouler. Sans parler de prolonger la coupure au risque de trop perdre physiquement, il est possible de se maintenir en forme en pratiquant d’autres sports que le vélo. Varier les plaisirs permet de se changer les idées en attendant que l’envie revienne.
Dernier cas, si vous vous êtes fixé un objectif plus tardif dans la saison, parfois il n’y a aucune raison de se précipiter pour la reprise. Vous pouvez très bien vous accorder encore un moment sans vélo, à pratiquer d’autres sports d’endurance qui vous tiennent à cœur, pour reprendre finalement en ayant encore plus de motivation ! Cela peut même avoir un effet bénéfique puisqu’une fois sur le vélo votre progression va pouvoir être constante, sans cycle trop long ou répétitif. Vous allez éviter le risque de lassitude en cours de saison, ou pire de démotivation alors que cette fois vos objectifs seront en approche.
Par quoi remplacer le vélo ?
Si vous ne roulez pas et souhaitez quand même conserver votre condition physique, il faudra obligatoirement remplacer le vélo par un autre sport. Choisir de ne faire aucune activité sportive pendant quelques semaines n’est pas interdit en soi, on est bien d’accord. Il faut juste bien être conscient que votre condition va baisser, et accepter les mauvaises sensations à la reprise.
Pour rester actif, le ou les sports de substitution devront si possible aussi être des sports d’endurance. Quelques exemples classiques sont la course à pied, la natation, le cardio en salle, etc. Si vous habitez en montagne, les conditions sont rudes pour rouler l’hiver, mais les alternatives sont bien connues des cyclistes montagnards : ski de randonnée, ski de fond, raquettes, etc.
Le fitness est un autre sport intéressant, même si le système cardiaque est moins sollicité. Vous allez pouvoir mettre l’accent sur les chaines musculaires qui sont moins sollicitées par la pratique du cyclisme. Renforcer le tronc et le haut du corps sera de toute façon bénéfique sur le vélo pour limiter les douleurs et avoir un meilleur gainage lors du pédalage.
Comme lorsque vous vous entraînez en vélo, il s’agit là encore de faire preuve de progressivité. Le risque est de vouloir en faire trop en se disant qu’on a une bonne condition grâce au vélo, mais les muscles et articulations ne sont pas habitués à ces nouvelles sollicitations. Le mal de genoux le lendemain d’une première séance de course à pied trop longue alors qu’on n’était pas essoufflé ? Ou alors les courbatures dans les épaules après une séance de renforcement musculaire ? Je pense que vous voyez de quoi je parle.
Dernier point, tout en respectant cette progressivité, il est important aussi de maintenir un volume d’entrainement cohérent dans ces sports alternatifs. Si vous roulez habituellement 10 heures par semaine en vélo, essayez de garder 60 à 80% de ce volume d’entrainement. Si votre volume hivernal passe sous les 50% de ce que vous faites habituellement, votre condition baissera nécessairement.
Quelques lacunes inévitables à prévoir…
Si vous restez 2 à 3 mois sans faire de vélo mais tout en faisant d’autres sports, il faut quand même vous attendre à une perte de puissance. Ce n’est pas pour rien si on dit que l’entrainement doit devenir de plus en plus spécifique à mesure que la préparation avance.
Sans pédaler, votre technique de pédalage va se dégrader. Le mouvement sera moins fluide, moins coordonné, et reprendre avec un travail de la vélocité devrait porter ses fruits. En parallèle, des exercices de force permettront de remobiliser tous les muscles nécessaires au mouvement de pédalage.
Ensuite, selon l’intensité ou pas que vous aurez mis dans les autres sports, il y a le risque que vous vous soyez « diésélisé ». Attendez-vous à avoir un peu de mal à vous remettre dans le rythme sur les premiers intervalles intenses. Vous aurez l’impression d’avoir une fréquence cardiaque très lisse, pas forcément basse mais à un niveau moyen, puis qui monte vite à 85/90% de votre maximum lors d’une accélération, mais qui sature ensuite sans que vous ayez pu tout donner, en étant très fortement essoufflé.
Le calendrier de votre saison doit aussi être pris en compte. Cette méthode me semble être inadaptée pour ceux qui se fixent des objectifs dès le printemps. Votre entrainement ne sera pas assez spécifique pour que vous puissiez atteindre le niveau de performance qui devrait être le votre.
Enfin, le fait de retarder la reprise du vélo implique que le temps disponible pour la préparation sera plus court. Si vous avez un nombre assez limité d’heures à disposition pour vous entraîner, vous risquez d’avoir du mal à « rattraper le bon wagon ». L’autre risque est de tomber malade en cours de préparation, puisque là encore toute pause imprévue dans le plan d’entrainement implique un retard difficile à combler.
Et pour finir, la reprise !
Au moment de reprendre le vélo, vos sensations dépendront directement du sérieux avec lequel vous aurez pratiqué d’autres sports. Plus vous serez resté actif, avec un volume proche de celui auquel vous êtes habitué, plus le transfert se fera rapidement.
Courant février / mars, si vos objectifs sont fixés pour juillet, vous serez parfaitement dans le timing pour vous consacrer à 100% à leur préparation. Un schéma avec 2 mois d’entrainement foncier, puis 2 mois de préparation spécifique, vous permettra d’entamer l’été en pleine forme !
Un dernier mot pour dire que personnellement je n’arrête jamais totalement le vélo l’hiver. Jusque 0°C j’arrive à rouler sans souffrir du froid. J’adapte simplement mes entraînements et je ne fais aucune intensité plus longues que des sprints (10 à 20s) sous les 5°C pour limiter les risques d’inflammation du système respiratoire. Je complète généralement avec du home trainer et du fitness.
Et vous, comment vous entraînez-vous ? Si vous arrêtez totalement le vélo, par quels sports le remplacez-vous ?